À la grande variété des champs d’action de l’Église doit aussi correspondre un grand nombre d’institutions, qui se chargent de l’évangélisation dans les secteurs les plus différents. De manière analogue, mais plus modeste, les Hérauts ont aussi dû apprendre à s’adapter aux divers terrains, par la création d’unités spécialisées.

Entre elles, la « Chevalerie de Marie » occupe une place privilégiée: il s’agit d’une institution, idéalisée par le fondateur des Hérauts, dont le but est de revitaliser les paroisses en étroite collaboration avec les Évêques et les curés. Cette unité compte vingt Hérauts – dont deux prêtres, le reste étant des laïcs de vie consacrée –, et leur mission est de parcourir sans cesse les diocèses selon un système d’évangélisation itinérant, qui combine le porte-à-porte avec le développement d’actions liturgiques et de dévotions populaires. Actuellement, les Hérauts ne disposent que d’une unité de ce genre, qui opère au Brésil.

Débuts

Ses activités datent de juillet 2002, à la suite du succès remporté par l’expérience pilote des Missions Mariales, à Atibaia. D’emblée, l’intérêt s’est imposé de disposer d’une unité spécialisée, capable de réaliser non-stop des missions de ce genre, dans tous les diocèses qui le sollicitent.

La « Chevalerie de Marie » a ainsi débuté avec le système des Missions Mariales, mais l’a systématisé au fil des pèlerinages, au point d’établir une routine très efficace pour l’évangélisation, mais qui sache aussi préserver la vie intérieure et spirituelle des missionnaires. Cette routine, à son tour, permit d’améliorer les Missions Mariales, que les Hérauts continuent régulièrement à réaliser.

Préparation de la mission

Avec l’accord préalable de l’Évêque, c’est le curé qui prend l’initiative de solliciter le travail de la « Chevalerie de Marie »; l’action apostolique de ces jeunes se concentrera exclusivement sur cette paroisse déterminée, pendant le temps de la mission.

Celle-ci, qui dure en moyenne une semaine, est préparée avec soin, deux ou trois semaines auparavant, par une équipe de précurseurs: réunions avec le curé, voire même l’Évêque; création des plans, et quadrillage de la paroisse en zones; études des rues, pour les processions et activités liturgiques externes; calcul du temps nécessaire pour couvrir tout le terrain; préparation logistique (logement et alimentation); contact avec les services d’ordre, les pompiers et les autorités civiles; etc.

Ouverture

Le jour marqué, normalement le lundi soir, la statue pèlerine de la Vierge arrive solennellement à l’entrée de la ville, où les paroissiens l’attendent déjà avec le curé. Se forme alors un cortège de voitures, qui accompagne la Vierge jusqu’à l’église paroissiale.

Aussitôt, une belle messe d’ouverture de la mission a lieu, à la fin de laquelle sont expliqués en détails aux paroissiens le programme de la semaine et les activités évangélisatrices; celles-ci commenceront tôt, dès le lendemain.

Routine quotidienne

En effet, après quelques prières en commun et le petit déjeuné au centre paroissial, les missionnaires assistent à la messe du matin, célébrée par un des prêtres, tandis que le second se met au confessionnal, à la disposition du public; au début de la mission, il y a souvent peu de monde; mais au cours de celle-là, l’assistance se multiplie peu à peu jusqu’à remplir l’église. À la fin de la messe, le Saint Sacrement est exposé, et il demeurera à la disposition des fidèles jusqu’à la messe du soir; missionnaires et paroissiens se relaieront à tour de rôle pour en assurer la veille.

Après une courte période d’adoration, les missionnaires se divisent en groupes de cinq (chacun sous le patronage d’un apôtre: Saint Jean, Saint Jacques, Saint Pierre et Saint Paul), et se dirigent vers leur zone d’assignation respective. Tout le temps que dure la mission, les jeunes Hérauts – emmenant avec eux des statues pèlerines de la Vierge – frapperont systématiquement à toutes les portes qui se trouvent sur leur chemin: maisons, magasins, hôtels, garages, commissariats de police, supermarchés, baraques, immeubles d’appartements, casernes de pompier, bars, hôpitaux… La visite de la Vierge est offerte à tous, et presque tous l’acceptent.

Au cours de la visite, les missionnaires font une rapide évangélisation, parlent aux gens de la miséricorde de Dieu, de l’importance de la foi et de la confiance, de la force de la prière pour vaincre les souffrances et les difficultés; ils encouragent à intensifier la vie chrétienne et la participation à la paroisse respective, et invitent tous ceux qu’ils rencontrent à la messe solennelle de clôture de la mission, normalement le dimanche soir.

Ces visites sont aussi une occasion exceptionnelle pour sonder les besoins spirituels des gens: une liste est dressée, adresse par adresse, avec les noms de ceux qui désirent être baptisés ou confirmés, se marier, ou même recevoir l’onction des malades; un recensement complet, qui sera remis au curé. Avant de continuer leur chemin, les missionnaires donnent à chacun des présents un souvenir, dépendant des cas: un calendrier, un livre de prières, une médaille, un chapelet ou une image.

Les prêtres missionnaires, de leur côté, toujours attentifs aux besoins des curés, cherchent à les aider rendant visite aux malades, célébrant l’Eucharistie et administrant les Sacrements, spécialement la Réconciliation: une moyenne de cent confessions par jour, ce qui exige parfois de passer jusqu’à dix heures d’affilée dans le confessionnal, sans même la possibilité de s’absenter pour les repas… Occasionnellement, la mission est renforcée par l’appui des séminaristes, qui y font un stage pour compléter leur formation pastorale.

Une demie heure avant la messe du soir, on voit les petits groupes de missionnaires qui reviennent à l’église paroissiale pour le programme du soir: la bénédiction du Saint Sacrement, la réserve, et la messe. Ils y retrouvent, avec joie, plusieurs personnes qui, ayant reçu ce jour-là la mission dans leurs maisons, ont été touchés par la grâce et désirent revenir à l’église pour prier et se confesser. Leur nombre ne fera qu’augmenter, jusqu’au dernier jour. Mais ceux qui accourent à la paroisse ont aussi soif de la parole de Dieu; ils désirent s’approfondir dans une religion qu’ils ne connaissent qu’à peine; ils viennent de s’en rendre compte, et veulent s’actualiser.

Chaque soir, une nouveauté

À cet effet, chaque soirée leur réserve une surprise. Le jeudi, on projette un programme multimédia sur le message de Fátima, son contenu, ses exhortations et espérances. Le vendredi, a lieu une catéchèse sur l’histoire du Scapulaire de Notre Dame du Mont Carmel, à la suite de quoi le scapulaire est imposé, par les prêtres, à ceux qui le désire; souvent, ce sont des centaines de fidèles…

Le samedi, jour consacré à la Vierge Marie, se réalise – dans les rues de la paroisse – la procession aux flambeaux, pendant laquelle est prié le mystère lumineux du Saint Rosaire: les hommes portent des torches et le palanquin de la statue de la Vierge, orné de fleurs, tandis que les femmes et les jeunes portent des chandelles. Cette belle procession, toujours très émouvante, aboutit à la célébration Eucharistique, et finalement à un petit spectacle de feux d’artifice.

Clôture

La mission atteint son sommet le dernier jour, généralement le dimanche soir, avec la grand messe – souvent en plein air, à cause du nombre excessif de fidèles –, et où il n’est pas rare de compter avec la présence de l’Évêque du lieu. L’Eucharistie est solennisée au maximum, avec chorale, orchestre, processions, encens et carillons. La statue de la Vierge, qui à ce moment a déjà parcouru toutes les maisons de la paroisse, est solennellement couronnée par le célébrant, qui réalise ensuite un bel acte de consécration de la paroisse toute entière au Coeur Immaculé de Marie.

Cette messe est aussi le moment d’instituer des nouveaux Coordinateurs d’Oratoires, et leur envoi: ils reçoivent une bénédiction spéciale, et le célébrant leur remet, un à un, l’Oratoire dont ils seront dorénavant responsables. Parfois, en une seule mission, le nombre de nouveaux Coordinateurs s’élève à 70…! Puis, les missionnaires font leurs adieux.

La fin… est un début

En effet, alors que cette mission n’avait pas encore atteint sa fin, les précurseurs étaient déjà de retour, avec les plans de la prochaine mission. Dès ce même soir, ils se réuniront avec les responsables pour établir les derniers détails, et délivrer les informations définitives au sujet de la paroisse où la « Chevalerie de Marie » doit réaliser la mission suivante, qui commence… le lendemain soir, parfois à plusieurs centaines de kilomètres de distance: de juillet 2002 à juin 2013, 464 paroisses ont été visitées, et la distance parcourue équivaut 14 allers-retours à la lune…

Ainsi, de mission en mission, ces jeunes sillonnent le Brésil de nord à sud, constamment, sans relâche, laissant derrière eux une traînée d’espérance, de ferveur et de reconnaissance. Une traînée qui n’est pas, toutefois, un abandon; pour donner tous ses fruits, l’effort réalisé doit être consolidé par la revitalisation de la vie paroissiale, qui est le vrai but de la mission.

Aussi, la « Chevalerie de Marie » se charge, avant son départ, d’aider le curé à organiser ou à renforcer, selon les cas, les pastorales paroissiales; le recensement, dont le résultat final – trié, organisé et informatisé – est remis entre les mains du curé, se révèle être un instrument très utile et efficace pour donner suite aux besoins de sacrements qui ont été manifestés.

De plus, un contact se maintiendra, grâce aux Coordinateurs des Oratoires, qui recevront mensuellement du matériel religieux à distribuer. Et la revue des Hérauts, que beaucoup commencent à recevoir grâce à la mission, se chargera d’aider à leur formation.